13/03/2010

Lucille.



Poursuivons.

Je veux épouser Lucille. Si j'étais un homme, je lui ferais plein d'enfants, deux peut-être trois, on aurait quatre chats, des oiseaux, et une mare derrière la maison avec des canards. Je lui dirais au petit matin, à cinq heures presque pile, viens Lucille, je veux te voir faire des photographies sous le soleil levant, alors par dessus sa nuisette transparente, elle prendrait mon pull en maugréant, et puis enfilerait ses petites chaussures, je ne sais pas quelle paire elle choisirait, peut-être les baskets, peut-être pas, peut-être même qu'elle irait pieds nus, dehors, pour courir dans tout le jardin.

Lucille et moi, on voyagerait beaucoup. Elle me montrerait la Suède, on irait en Allemagne, et en Roumanie. Et puis surtout l'Angleterre et l'Irlande, parce qu'elle adore se taire en anglais. Lucille se tait souvent, elle écoute beaucoup, et Lucille est magnifiquement mystérieuse. Elle a plein de bagues, elle a des bandeaux dans ses cheveux, ses cheveux qui changent de couleur, elle fume délicatement du bout des lèvres, elle a plein de chaussures et elle sourit depuis un monde vaste, faste, et sans doute magique. Aaaah, Lucille, Lucille, Lucille, je ne me lasserais jamais de te voir sans te connaitre.

11/03/2010

pure morning.







J'avais le besoin substantiel de le voir. Aujourd'hui. Alors j'étais assise à ma table, à sursauter de la tête à chaque fois que la porte claquait à l'autre bout, j'écoutais d'une oreille Pauline et Aline parler de la fille blonde et moche à trois tables de là, et je sursautais de la tête comme une gamine qui attend l'heure du père noël. C'était désagréable de ne pas pouvoir parler de ça, de leur demander si il allait venir. Ou pas. Ou peut-être. Qu'est-ce qu'il foutait? Qu'est-ce qu'on peut bien foutre un jeudi après-midi, à part venir faire semblant de travailler en gazouillant joyeusement?

Je voulais juste l'entendre dire qu'on était fait pour être ensemble à force d'être pareil, lui répondre que ça allait se faire, et puis qu'on se batte en foutant des coups aux autres par inadvertance, en rigolant du coin des yeux quand ils auraient dit qu'on était vraiment trop cons.

J'ai envie d'être la meilleure amie de ce type que je connais à peine. Qu'il fasse des gestes que je détesterais voir, en insultant les autres quand on me regarderait de travers. Il me parlerait de son ex, de se qui lui chatouille dangereusement les entrailles, de sa nouvelle copine, on baiserait sous exta, et on regarderait les vieux Tarantino en gémissant sur la putréfaction de notre politique actuelle. On irait sur les bords de l'eau, ou sur le goudron à la fin d'une journée d'été, on se battrait encore, sur quoi il passerait son bras autour de mes épaules comme la dernière fois en disant un truc intelligent qui commencerait par, Anna, ma petite Anna...

J'étais tellement putain de frustrée que je me suis barrée. Quand je suis rentrée, sous l'effet de la colère le bol rempli de crème anglaise a terminé en miette sur le sol. La crème anglaise envahissant le dessous du placard.






Que j'aille crever en enfer ou ailleurs avec mes débordements. Que j'aille agoniser sur la chaussée, dans le lit d'un inconnu, sous une pile de livres, dévorée par les vers à mouches puisque l'intensité de mes sentiments n'arrive jamais à être contentée. Puisque mon ventre grouille sans jamais être rassasié. J'aime trop fort, trop vite, tout le temps. Je n'ai hélas pas à me forcer, moi. Putain d'extraterrestre.

Dieu est un fumeur de havanes, c'est lui-même qui m'a dit , que la fumée envoie au paradis.

Hier, avec 35 minutes de retard pour aller en cours, j'ai été ramassé par Marie-Estelle et Nicolas. Alors, il y a eu le martini à 10h du matin, et les rires sur Yazoo à cause de l'herbe, entre autre. J'ai mangé un fondant au chocolat, en entier. J'ai été insulté par Joffrey qui, n'ayant aucun désir de participer au cours sur la démographie en France sous l'Ancien Régime en temps normal, s'était forcé pour me souhaiter une bonne journée. Hélas, j'étais trop déchirée pour y aller. Sarah m'a ensuite appellé de Lyon. La dernière fois qu'on s'était vue, elle n'avait tellement énervée que je l'avais insulté. Là, elle m'a resortit du fond du tiroir, les annecdotes de terminale avec son petit rire aigu. Clément a oublié mon anniversaire. Et j'ai terminé la soirée avec Marie et François. Après deux bouteilles de mauvais champagne et un paquet de clope, je me suis réveillée avec un très diffu mal de crâne, et une très légère envie de vomir. J'ai encore séché par la faute de Marie qui a roulé sur le bout de mon lit, et quand j'écoute Great Lake Swimmers, j'ai envie de pleurer. Amis du jour, bonjour. Aujourd'hui, il fait moins froid, et le vent a calmé ses ardeurs. Je vais maintenant aller au lavomatic complètement à côté de la plaque, en chantant au printemps.

08/03/2010

Joyeux non-anniversaire.

D'accord, donc. Reprenons.J'ai décidé d'arrêter ça. Bon. Parce que c'est bien joli joli, mais non.
Le T-shirt à fleur, c'est le printemps, alors que chez mamie, il neige encore.


Me voilà bientôt plongée dans le monde des grandes personnes, à boire avec assiduité à la table des adultes, en draguant la meuf d'un cousin que je ne connais pas. Encore heureux que l'on a pas souvent des diners de famille, et qu'on a arrêté de parler à la grande-tante Séverine. Car sinon, j'aurais préparé un space cake pour tout ce joli monde, qu'ils s'envolent seuls sur mon avenir, mes non-ambitions, mon arrêt de prépa à la fin de la première année, mes mini-minis jupes et les cheveux pas coiffés. Et puis bon, à force de dire à Arnaud mes opinions sur le fait qu'il fasse l'armée, ça rend les choses tendues. Mais quand tu sais qu'il avait une crinière des plus jolies, longues et soyeuses quand j'avais cinq piges et que je ne comprenais pas encore les conneries qu'ils se racontaient tous à Noël, tous à moitié, ou complètement bourrés en dévorant le repas. Arnaud, je trouvais ça cool de jouer avec ses action-men, et ensuite d'aller courir avec mes petites chaussettes en dentelle dans le jardin. Mais maintenant, il est rasé de près et m'énerve au plus haut point.

Sur ce, je vais passée à ces riens de dix-neufs dans deux jours, fallait bien que je le dise, c'est important et puis c'est mortel de vieillir. J'ai jamais trop aimé ça, les anniversaires. Fêter la naissance de n'importe qui. C'est un peu emmerdant de dire joyeux anniversaire, alors que le plus souvent, c'est une journée de merde, avec des connards qui t'appellent pour te souhaiter plein de bonheur et toutes ces conneries. Mais bon. Comme dirait l'autre: j'ai toujours eu l'alcool aimable ou bienveillant, c'est comme tu veux. Alors je vais me bourrer la gueule pour que le jour passe plus vite, en rigolant, bien évidemment.

Dix-huit ans, ça me faisait marrer. Je pouvais acheter ma bouteille de vodka tranquille à monop', sans que l'autre pétasse de caissière qui, entre autre aurait pu être la femme de ma vie si elle n'avait pas été aussi conne, me foute la pression en me matant de haut en bas, avec un air genre, est-ce que je prends le temps de lui demander sa carte d'identité. Et puis je m'étais dit qu'aller voir un porno au cinéma, si ça existait encore, ça aurait pu être cool. De même, pour les films d'horreur interdit aux bébés. Après j'ai eu mon permis, le truc cher, polluant, emmerdant, et qui menace de tuer n'importe qui dont toi, tes amis, rendre quelqu'un handicapé, buter une femme enceinte, bref, le petit bijoux qui fait joli sur ton CV, même si t'utilises le bus en hiver, le vélo en été, et surtout quand t'es bourrée. Et puis en me prenant une borne en reculant pour la première fois sur le trottoir en face de chez Célia, je me suis dit qu'il fallait arrêter les frais. J'avais aussi le droit de vote, genre trop bien, la démocratie m'est accessible, et là, c'est le drame. Tous des connards. Voilà, dix-huit, c'était drôle.

Dix-neuf ans, tu te retrouves entre les deux à te demander comment dépenser ton fric le plus énergiquement possible, en racontant ta vie, et surtout en allant au cinéma. Dix-neuf ans, c'est pas la double dizaine, c'est le neuf à la fin, et moi, j'aime pas le chiffre neuf. Alors je me suis achetée un bracelet à quatre vingt quinze euros, histoire de ne même plus pouvoir bouffer des pâtes pendant un mois, juste payer des clopes en vendant des dissertations sur internet pour les lycéens en mal de lecture. C'est ça la vie, on passe son temps à se plaindre, et moi, j'apprends à parler russe, parce que je serais plus tentée par Durmstang que Poudlard et que, définitivement, j'adore l'accent qu'ils ont.