27/05/2010




J'irais bien me fracasser ce soir, les cheveux coincés dans la chaine de vélo, me mettre la gueule dans le mur, attendre le train pour n'importe quel autre endroit et me jeter sur les rails, je me laisserais bien mourir de fatigue dans un coin et pourquoi pas manger le seul truc qui reste dans mon frigo complètement pourri. Tomber dans mes escaliers du quatrième étage, mon armoire pleine de livres sur moi, la lampe qui tomberait dans le bain, me couper la carotide sous LSD, broyer ma tête sous une voiture, tomber d'un arbre dans le parc à pute, étouffée dans mes oreillers, étranglée, écrasée, compressée.

Tout est plus clair lorsqu'on se tait. Tout est surtout plus simple. Et on tombe amoureuse d'une fille en robe blanche, et on écoute le concert en la regardant, en fumant clope sur clope pour brouiller les raisonnements de son cœur. Elle parle pas beaucoup, surtout d'elle, et la lumière dans ses cheveux, sa position sur la chaise et sa façon de balancer l'argent sur la table, et on trouve ça magnifique, c'est carrément charmant, pas gracieux pour un sou, mais super attachant. Non en réalité, c'est pas plus facile de rester dans le fantasme, enfermée à perpétuité dans l'image que l'on laisse tranquillement se dégrader pour pas claquer, le coeur explosé sur le macadam.

Et le ventre lourd aussi. Rater une année de sa vie scolaire pour fainéantise, comment expliquer ça avec réalisme. Décalcomanier l'intelligence sur sa gueule de tous les jours, en jurant assumer parfaitement son existence découragée. On a tous un pote à qui c'est arrivé, on a toujours été impressionné, c'est quand même un truc de malade. Et puis. C'est plus violent lorsqu'on arrête de fumer des joins et qu'une certaine culpabilité resurgit sans demander ton avis. Je suis le genre de meuf à tout vouloir contrôler, et à tout laisser faire, joli paradoxe donnant envie de gerber.