21/04/2010





Il y a sans doute le moment où tout est envisageable. L'instant intangible, et pourtant, sous le soleil. Les pieds sur la table en terrasse, à gueuler les bracelets au vent, et la bière à la main. Les sourires ravageurs, renfrognés, les doigts qui glissent sur l'épaule en guise de soutient. L'apaisement soudain au détour d'un verre, tranquillité du cœur, des yeux. Au final c'est pas cool d'être dans les extrêmes. J'dis plus grand chose. Gratte la peau, tombe en lambeau.

Tout à fond. Sauf peut-être la nuit dernière, quand Lucas s'agrippait à mes hanches en murmurant les trucs habituels du mec défoncé, la main qui me faisait tourner sur le carrelage, le sourire ravageur, moi tendue comme une putain à sa première passe. Je disais nonnon je suis vraiment trop bourrée, là. Nonnon arrêtes. Et je tournais, tournais, avant d'être plaquée contre lui en répétant nonnon inlassablement. Joli refrain, joli refrain qu'il a étouffé d'un baiser dans sa foutue bagnole, toussotant au démarrage, calant aux feux rouges, la serrure dans la main, cigarette au coin de la bouche, en se fendant la gueule, Lucas.

Petite faiblesse après l'insolation. Petite faiblesse après la glace à la vanille. Le T-shirt bleu électrique foutu à la cendre, foutu à l'odeur de tabac froid, mais si tu veux, ouvres la fenêtre. Avant, c'était l'instant de toute puissance, parce qu'on ne pensait plus à claquer, bourrée, le cerveau explosé. Mais il faudrait que ça sorte, parce que même mes parents commencent à avoir pitié de moi. L'inquiétude réelle qu'ils ne comprennent pas vraiment. J'ai le ventre trop plein depuis deux mois, c'est pas pour ça que j'irais au bord de la rivière, là bas derrière. Y en a marre de tourner en rond.